Clovis Ier
Introduction
Terrible époque que celle-ci, le grand Empire Romain s’émiette pour disparaître, les grands empereurs ont perdu leur panache. Les tribus germaniques se sont étendues, elles ont reculé les frontières de l’Empire. Les légions romaines ont perdu leur efficacité face à la ferveur barbare. Cette période est sombre et énigmatique, le monde entre progressivement dans le Moyen Âge.
Le contexte de l’époque
L’héritage des Francs
Barbares civilisés les tribus franques se mirent en mouvement en même temps que les Germains. Les plus actifs d’entre eux sont les Francs Ripuaires et Saliens. Les Ripuaires (ou Rhénans) s’étendaient sur la vallée Rhénane à la droite du Rhin. Les Saliens sont originaires du territoire hollandais, ils se déplacèrent vers le sud-ouest et investirent le nord de la Gaule. Comme les autres peuples barbares, les Francs reconnaissaient l’autorité d’un roi. Les premiers souverains des Francs Saliens sont des rois légendaires tel que Clodion le chevelu et Mérovée (qui donna son nom à la dynastie mérovingienne). Ces derniers avaient aidé les Romains d’Aetius à chasser Attila de Gaule, une gigantesque bataille avait eu lieu aux Champs Catalauniques où les Huns furent battus. Childéric Ier succéda à Mérovée, avec lequel aucun lien de parenté n’est établi. Il mena tout d’abord une vie de débauche et fut chassé de son royaume. Rétabli quelques années plus tard, il aida les Romains d’Aegidius à chasser les Wisigoths. (ndlr : un article sur les Francs sera l’objet d’une étude plus approfondie).
Le tombeau de Childéric fut découvert à Tournai en 1653 par un maçon sourd et muet. Il étonne par son origine païenne et germanique. Le roi est enterré avec ses chevaux, portant au bras un bracelet d’argent et par son aspect Romain. Il portait un manteau de pourpre tenu par une fibule d’or, propre au général romain et un anneau au doigt servant à sceller les actes et portant l’inscription : Childéricus rex (Childéric roi). Le manteau était orné d’abeilles d’or, symbole mérovingien que Napoléon Ier adopta par la suite pour rappeler les origines de la France.
La Gaule, une mosaïque de peuples
La Gaule était la province la plus cultivée et la plus riche de l’Occident romain. Elle fut avec la Bretagne l’une des premières provinces à être abandonnées par les Romains. Avec l’affaiblissement des défenses impériales elle tomba très vite aux mains des Barbares :
- Au Sud-Ouest, les Wisigoths (Espagne et Aquitaine).
- Au Sud-Est, les Ostrogoths (Italie du Nord).
- Le Centre-Est devint le pays des Burgondes (un des rares peuples convertis au christianisme).
- Entre la Loire et la Somme, un général romain, s’était taillé un royaume dont la capitale était Soissons. Se considérant comme le « roi des Romains », il essayait de maintenir la civilisation latine.
Ainsi la Gaule représentait une mosaïque de cultures et un enjeu principal pour le nouveau roi des Saliens : Clovis, fils de Childéric.
Clovis s’appelait en réalité Chlodowech (illustre à la guerre), les historiens le déformèrent en Clovis. Le prénom a évolué sous les Carolingiens : Chlodowichus puis Lodovicus avant de devenir Ludovicus puis Ludovic de nos jours. En France occidentale, le prénom devient Lodoïs puis Louis. Clovis peut ainsi être considéré comme Louis Ier !
Le règne de Clovis
La conquête du royaume de Syagrius
A 15 ans, Clovis est encore un jeune garçon imberbe lorsqu’il est hissé sur le pavois (bouclier) pour être proclamé roi des Francs à Tournai en 481. Le royaume est maigre et d’autres saliens contrôlent les régions voisines mais Clovis bénéficie de l’œuvre de son père Childéric. Très vite le jeune roi veut s’affirmer et refuse de partager son pouvoir comme son père l’avait fait. Il réunit les petites tribus avoisinantes et s’allie avec deux autres rois saliens (Ragnacaire et Chararic) afin de s’emparer du royaume de Syagrius ainsi que sa ville : Soissons. La guerre déclarée en 486, Clovis et ses troupes triomphent sur les Romains aux portes de Soissons. Syagrius vient alors se réfugier chez le chef des Wisigoths : Alaric, mais par peur de représailles, Alaric livre le chef romain à Clovis qui l’égorgea. Grâce aux rançons obtenues pour la libération de riches notables et au butin amassé lors de la conquête, il put former une armée permanente. Poursuivant sa marche victorieuse, il étendit le royaume des Francs jusqu’à la Bretagne et la Loire.
Après la prise de Soissons, le butin comme le voulait l’usage, devait être partagé entre le roi et ses hommes. Or, Clovis, voulant offrir un beau vase trouvé dans le pillage de Soissons à l’évêque de Reims, le plaça hors part. Cela mit en colère un de ses guerriers qui accusa publiquement Clovis de tricherie, et selon la légende brisa le magnifique vase. Un an plus tard, lors d’une revue militaire, Clovis reconnu le guerrier et lui jeta sa hache à terre, le guerrier se baissa pour la ramasser et Clovis lui décocha un coup de francisque sur le crâne en disant : « Ainsi as-tu fait avec le vase de Soissons ». Des doutes subsistent sur cette légende, en effet le vase n’aurait pas été détruit et donné à Saint-Rémi.
L’influence de Clotilde
Pendant ce temps, Théodoric le Grand chef des Ostrogoths s’est imposé un grand royaume en Italie, il se maria avec l’une des sœurs de Clovis. Voulant échapper au pouvoir des Goths, Clovis chercha une alliance auprès des Burgondes. Ainsi un mariage fut arrangé entre Clovis et Clotilde la fille du chef des Burgondes. Ayant reçu une éducation catholique, Clotilde s’employa à convertir son mari dont le peuple pratique le culte païen. Mais à l’Est, les Alamans agressent les frontières, menaçant les Burgondes, les Saliens et les Ripuaires. Un affrontement a lieu à Tolbiac en 496, la bataille part à l’avantage des Alamans, après avoir invoqué les dieux païens, Clovis s’en retourne vers le dieu de Clotilde et lui jure de se convertir s’il gagne la bataille. Par miracle, le chef Alamans est tué. Bientôt ses soldats fuient et sont en déroute. Il restait alors au chef franc de respecter son vœu.
Lors de la bataille de Tolbiac, un ange proposa à Clovis d’échanger les trois crapauds (symbole païen) qui ornaient son bouclier contre trois fleurs de lys d’or. Ainsi, la fleur de lys devint l’emblème de la monarchie française jusqu’en 1830. Elle flotte encore sur le drapeau du Québec.
La conversion des Francs
Au delà de la promesse faite à Tolbiac, Clovis savait qu’il pouvait tirer un avantage de sa conversion au catholicisme. En effet, il pourrait s’attirer la bienveillance des populations gallo-romaines dont la plupart était régis par des rois ariens. Cependant Clovis hésita, la moitié de son peuple vouait le culte païen, la reine Clotilde demanda l’appui de l’évêque Rémi qui influençait beaucoup Clovis. Ainsi, à Reims dans la nuit de Noël 497 (ou 498,499 ?), Saint-Rémi baptisa Clovis avec 3 000 de ses soldats. Les populations gallo-romaines accueillirent les Francs non plus comme des envahisseurs mais comme des libérateurs. L’Église, qui était la plus haute autorité spirituelle, choisit ainsi le camp des Francs.
Ce fut une cérémonie impressionnante qui réunit chefs francs et notables gallo-romains qui se soumettaient à l’autorité du roi. Par la suite, l’action de Clovis fut favorisée par l’Église : « Chaque jour, Dieu faisait tomber les ennemis sous sa main car il marchait d’un cœur pur devant le Seigneur. »
Les Wisigoths
Vers l’an 500, Clovis intervient dans une querelle familiale des Burgondes. Chilpéric, le père de Clotilde est assassiné par son frère Gondebaud. Après avoir affronté Gondebaud pour venger sa femme, Clovis se résout à signer un traité d’alliance avec celui-ci en 502. Cette nouvelle alliance inquiéta de plus en plus Alaric le chef des Wisigoths qui en fit part à Théodoric des Ostrogoths. Clovis entraîna ses tribus franques ainsi que les Burgondes à Vouillé près de Poitiers pour affronter les Wisigoths, ennemis des Francs de longue date. Alaric II fut vaincu et tué par les propres mains de Clovis. L’armée de Théodoric fut quant à elle contenue par les Byzantins de l’empereur Anastase, qui a signé une alliance avec les Francs. Clovis s’empara alors de Toulouse, capitale des Wisigoths, ainsi que du légendaire trésor d’Alaric.
La légende veut qu’en 52, l’empereur Titus trouva le trésor de Salomon lors de la mise à sac de Jérusalem. Par la suite, Alaric Ier s’en empara lors de la mise à sac de Rome en 410. Ce trésor était le plus grand d’Occident et contenait le Saint Graal. D’autres sources affirment que les Wisigoths ont transporté le trésor dans les remparts de Carcassonne où Clovis échoua. On le situa dans le puits de Carcassonne, dans la montagne d’Alaric ou dans le château de Montségur où les cathares avaient position. Au début du XXe siècle, un curé Béranger Saunière dépensait des fortunes colossales sans que l’on sache d’où provenait sa richesse. On pense alors qu’il a découvert le trésor d’Alaric et a fait un trafic illégal avec la cour Autrichienne.
La réunification des tribus
Après la victoire de Vouillé, Clovis reçut à Tours le signe de la protection bienveillante de l’Empire Romain d’Orient qui lui donna le titre de consul et d’auguste. Cette investiture l’élevait comme souverain légitime, aussi s’employa-t-il à réunifier le royaume franc qui est encore morcelé par l’existence de petits territoires régis par des rois. Clovis commença à s’attaquer à Chararic et Ragnacaire ses deux alliés Saliens contre Syagrius, il fit raser la tête au premier (la chevelure était le symbole du pouvoir royal, ainsi les soldats avaient la nuque rasée), puis il les exécuta. Les Saliens unifiés, il restait les Francs Ripuaires à soumettre. Clovis mit en œuvre une machination démoniaque, en incitant le prince des Ripuaires à assassiner son père Sigebert le roi. Par la suite, le jeune prince fut tué alors qu’il amenait les trésors de son royaume à Clovis. Clovis sut alors convaincre la population ripuaire de le choisir comme roi. Cette attitude barbaresque déconcerta l’entourage du roi des Francs.
Les successeurs de Clovis
Le partage du royaume
En 509, Clovis choisit Paris comme nouvelle capitale de son royaume, la ville est déjà un pôle actif de la Gaule et fut le lieu de résidence de certains empereurs romains, on parle aussi de l’influence de Sainte-Geneviève (patronne de la ville) sur Childéric puis Clovis. Se considérant comme le chef de l’Église, Clovis s’employa à convertir la Gaule entière au catholicisme. En 511, Clovis réunit les évêques au concile d’Orléans, l’Église mérovingienne prend alors naissance. La même année, le grand roi meurt à Paris, il est inhumé auprès de Sainte-Geneviève. La loi salique qui régissait les coutumes franques excluait les femmes à la succession. Ainsi, comme le voulait la tradition, le royaume fut partagé entre les quatre fils de Clovis. L’unité mérovingienne était perdue et les territoires ainsi formés allaient se défier pendant des années.
Par la suite pour mieux comprendre les querelles fratricides, il est conseillé d’avoir sous les yeux la généalogie des Mérovingiens
Les fils de Clovis (Thierry Ier, Clodomir, Childebert Ier, Clotaire Ier)
Le premier des fils de Clovis, Thierry avait hérité des territoires les plus exposés aux invasions extérieures, aussi son expérience devait lui permettre d’y faire face. Il n’était pas le fils de Clotilde mais d’une princesse rhénane, il était donc plus distant avec ses trois demi-frères Clodomir, Childebert et Clotaire qui agissaient ensemble. Ces derniers raniment les hostilités avec les Burgondes pour venger leur mère Clotilde (Clovis s’était résolu à signer la paix avec les Burgondes), cet affrontement aboutit à la mort de Clodomir. Childebert et Clotaire assassinent alors les fils de Clodomir afin de se partager le territoire de leur frère. N’ayant eu aucun héritier mâle, Childebert cède à sa mort son royaume à Clotaire qui devient ainsi maître de tout le royaume franc, Thierry et ses descendants étant tous morts. Un deuxième partage a lieu en 561 entre ses quatre fils : Caribert Ier, Gontran, Sigebert Ier et Chilpéric Ier.
Les fils de Clotaire (Caribert Ier, Gontran, Sigebert Ier, Chilpéric Ier)
Caribert meurt prématurément, ses trois frères se partagent son royaume. Une querelle familiale va plonger les trois autres frères dans une guerre impitoyable. En compagnie de sa maîtresse Frédégonde, Chilpéric étouffe sa propre femme pendant son sommeil. Seulement, la femme de Chilpéric est la sœur de Brunehaut, l’épouse de Sigebert. Une lutte sans merci va alors s’engager entre :
- Chilpéric et sa nouvelle femme Frédégonde (Neustrie)
- Sigebert et sa femme Brunehaut (Austrasie)
Au centre, Gontran prend d’abord le parti de Sigebert et ensemble ils parviennent à prendre l’avantage. Mais après s’être brouillé avec ce dernier, Gontran s’allie maintenant avec Chilpéric. Sigebert est assassiné par deux sbires de Frédégonde (femme de Chilpéric), son fils Childebert II passe sous la tutelle de Gontran puis le quitte pour Chilpéric. Mais très vite, la lutte reprend entre les deux derniers frères : Chilpéric, toujours plus arrogant, et Gontran. La mort de Chilpéric, assassiné par un inconnu ne calme pas les hostilités. Les deux reines d’Austrasie et de Neustrie : Brunehaut et Frédégonde perpétuent la lutte des deux royaumes en orchestrant assassinats et jeux d’alliances. Malgré cela, Childebert II et son oncle Gontran se rapprochent de nouveau, ils scellent une alliance qui permet à Childebert de récupérer le royaume de Gontran à la mort de ce dernier.
La réunification de Clotaire II
Désormais, il n’y a que deux royaumes :
- L’Austrasie et la Bourgogne (ancien territoire des Burgondes) gouvernés par Childebert II. A la mort de ce dernier, le royaume est donc partagés entre ses fils : Théodebert II (Austrasie) et Thierry II (Bourgogne).
- La Neustrie gouvernée par Frédégonde et son fils Clotaire II.
Très vite, Clotaire II prend le contrôle du royaume de Neustrie. Intelligent, il va profiter de la querelle entre les deux frères Théodebert et Thierry. Il s’allie à Thierry et vainc Théodebert, par la suite il rompt l’alliance avec Thierry et fait exécuter Brunehaut et les héritiers du royaume d’Austrasie. Ainsi Clotaire II parvient à régner sur tout le royaume franc (comme l’avait fait Clovis et Clotaire Ier). A sa mort, le royaume est de nouveau partagé entre ses deux fils Dagobert Ier et Caribert II. L’aîné Dagobert parviendra à restaurer l’unité de la monarchie franque.
Légendes mérovingienne
Légendes mérovingienne
L’origine des Mérovingiens est toujours un mystère, elle a alimenté des récits légendaires : On trouve l’origine des Mérovingiens dans la Grèce Antique notamment en Arcadie, peuple d’origine de Callisto (que Zeus changea en une constellation : la Grande Ourse), ses habitants participèrent notamment à la guerre de Troie. Cette peuplade traversa alors le Rhin pour se lier aux Francs. Les habitants d’Arcadie sont issus selon la légende de l’une des douze tribus d’Israël. Les Mérovingiens avaient une marque de naissance (une croix rouge sur les omoplates), dans la Bible on trouve ce passage qui y fait allusion : « … le très haut le protège tous les jours et demeure entre ses deux épaules ». Plus fantastique encore, certains avancent que les Mérovingiens seraient les descendants de Jésus Christ et de Marie-Madeleine. Après la crucifixion, Marie-Madeleine serait partie en Gaule et aurait enfanté là-bas. Ce mystère essentiel aurait été protégé par des associations secrètes tel que les Templiers. L’origine des Mérovingiens reste obscure, on raconte aussi que la femme de Clodion, enceinte de Mérovée alla se baigner un jour dans l’océan, là elle fut séduite par « la bête de Neptune », un animal marin qui la rendit enceinte une seconde fois. Ceci pourrait expliquer en partie les pouvoirs surnaturels de quelques rois mérovingiens (guérisons, communication extra-sensorielle…). De grands noms sont affiliés aux Mérovingiens, c’est le cas de Godefroi de Bouillon (héros de la première croisade et roi de Jérusalem), ou les Habsbourg-Lorraine (dont est issue Marie-Louise épouse de Napoléon Ier) ou encore Alain Poher (président de la République à la mort de Pompidou). Godefroi de Bouillon serait selon la légende un proche descendant de Lohengrin, fils de Perceval (qui découvrit le Graal selon la légende arthurienne).
Dès la première nuit de noces, la reine Basine réveille Childéric et lui demande de regarder dans la cour. Childéric y voit des lions, des licornes et des léopards. Il vient se recoucher mais Basine l’oblige à se relever et à regarder par la fenêtre, le roi y voit alors des ours et des loups. La troisième fois, il voit des chiens et autres bêtes chétives. Après avoir passé la nuit chastement, Basine lui révèle la signification de son rêve : « Il nous naîtra un lion ; ses fils courageux auront pour symbole le léopard et la licorne. D’eux naîtront des ours ou des loups pour le courage et la voracité. Les derniers rois sont des chiens, et la foule des petites bêtes indique ceux qui vexeront le peuple, mal défendu par ses rois ». Ces visions témoignent de la dégénérescence prochaine des Mérovingiens.
Sources et liens
- Encyclopédie Tout l'Univers (Hachette)
- http://clovis1er.free.fr/
- http://histoirdefrance.fr (Histoire de France -> Les Mérovingiens)