Héraldique

Généralités

Origine de l’héraldique

A la fin du XIIe siècle, à l’époque des Croisades, des lois précises et jusqu’alors immuables, règlent les principes auxquels doit obéir la science du blason, appelée « Héraldique ». On est de nos jours assuré que l’origine des blasons, sous cette forme remonte au XIe siècle, lorsque les casques à protection nasale étaient utilisés. On ne pouvait alors reconnaître le soldat. Les chevaliers vont alors peindre sur leurs écus des figures géométriques, animales ou végétales. La reconnaissance sur les champs de bataille est donc l’élément qui a contribué à la création de l’héraldique. Pouvoir se rassembler rapidement auprès des chefs de bataille en pavanant des étendards et autres fanions aux couleurs de chacun.

La forme de l’écu

L’écu a revêtu différentes formes suivant son origine ou sa destination. Sa surface est divisée en neuf partitions. Le coté droit de l’écu (dextre) correspond à la gauche de la personne qui le regarde. Il en est de même pour le coté gauche (senestre). De par sa forme, nous savons si les armoiries de l’écu a des origines françaises, suisses, allemandes…

Écu français ancienÉcu des damesÉcu des demoisellesÉcu de tournois ou bannière
Écu françaisÉcu ibèreÉcu italienÉcu anglais

Les divisions de l’écu

Les couleurs

Les couleurs se divisent en deux groupes : les métaux et les émaux. Il existe également un code schématique (points, lignes…) qui correspond à chaque couleur. On associe également une planète et une pierre précieuse à chacune des couleurs ainsi qu’une liste de vertus. Les couleurs ne peuvent pas être employées n’importe comment et leur superposition obéit à des règles strictes et impératives. On ne peut donc superposer deux couleurs du même groupe, par exemple si la table de l’écu est de gueules (rouge), le lion qu’elle portera ne pourra être que or ou argent (métal jaune ou blanc). Si la règle n’est pas appliquée, on dit que les armes sont “à enquerre”.

Les Métaux

Or (jaune)

Le Soleil - la Topaze

Intelligence - grandeur - vertu

Argent (blanc)

La Lune - la Perle

Netteté - pureté - sagesse

Les Émaux

Gueules (rouge)

Mars - le Rubis

Amour - patriotisme

Pourpre (violet)

Jupiter - l’Opale

Courtoisie - paix

Azur (description)

Vénus - le Saphir

Beauté - fidélité - persévérance

Sinople (vert)

Mercure - l’Émeraude

Santé - espérance - liberté.

Sable (noir)

Saturne - le Diamant

Tristesse

Les fourrures

Sept sortes de fourrure parmi les éléments constitutifs d’un blason dont la plus connue est l’hermine qui orne les armes de Bretagne.

Hermine

Champ d’argent moucheté de petites croix de sables à pied élargi et se terminant par trois pointes.

Contre-HermineL’inverse de l’hermine. Fond de sable à mouchetures d’argent.
VairPetits clochetons argent et azur alternés tête-bêche.
Contre-VairPetits clochetons d’azur et d’argent réunis deux par deux.
Contre-Vair en pointeLes clochetons de même forme et de même couleur sont alignés verticalement.
VairéChargé de vair quand les couleurs sont différentes du Vair et du Contre-vair.
Contre-VairéChargé de Contre-vair quand les couleurs sont différentes du Contre-vair.

Les différents types d’armoiries

Les parlantes : Elles ont une relation avec le nom de famille, par exemple trois marteaux pour désigner la famille Martel (elles se présentent parfois sous la forme de rébus).

Les allusives : Elles font référence à un fait ou un exploit au cours duquel s’est illustré la famille ou l’un de ses membres. Les armes d’Autriche portent une bande d’argent (blanc) sur un fond de gueules (rouge) (on retrouve la même disposition sur le drapeau de l’Autriche actuelle). Ceci pour rappeler la blessure du duc Léopold II, son armure était couverte de sang, seule sa ceinture restait blanche.

Les politiques : Elles rappellent un lien unissant un groupe : corps de métier, états ou régions unis par un pacte.

Les symboliques : Elles évoquent une idée ou un concept.

Partitions et pièces honorables

Les partitions et pièces honorables

L’écu peut être divisé en parties égales, par une droite dont les directions sont celles correspondant aux quatre orientations des coups d’épée donnés avec le tranchant. Ce sont les grands coups guerriers. Ces parties déterminées sur l’écu sont appelées partitions. Mais l’écu peut être divisé par plusieurs droites, soit deux traits et trois partitions ; cinq traits et six partitions ; ce qui forme à la surface de l’écu un dessin différent que l’on appelle pièce honorable.

Partitions

Pièces honorables

Parti

Pal

Coupe

Fasce

Tranché

Bande

Taille

Barre

Encartelé

Croix

Encartelé en sautoir

Sautoir

Traits bordant les pièces

OndésEngrêlésDenchésCrénelésPotencés

Autres partitions et pièces honorables

En plus des partitions précédentes qui rappelaient les coups d’épée, il y en a six autres. Parmi les pièces honorables, la variété est plus grande, elles se distinguent des autres pièces du fait qu’elles couvrent, pour la majorité d’entre elles, au moins un tiers de la table d’attente. On distingue également les pièces honorables qui sont relatives aux vêtements.

Autres partitions

Gironné

Tiercé en pal

Tiercé en fasce

6 Quartiers

8 Quartiers

16 Quartiers

Les pièces honorables relatives aux vêtements

Vêtement

Chape

Chausse

Embrasse

Mantel

Giron

Autres pièces honorables

Chevron

Écu en cœur

Pairle

Franc-quartier

Gousset

Escarre

Bordure

Canton

Orle

Équipolé

Les rebattements

Les rebattements sont des répétitions des pièces honorables sur l’écu, elles portent parfois un nom qui rappelle la pièce honorable répétée.

Pal

L’écu dit “palé” est divisé par des pals dont le nombre est égal aux intervalles du champ (quatre pals plus quatre intervalles). Si l’écu est divisé par un trait de coupe, il est dit “contre-palé”. Si le nombre de pals est égal à cinq ou plus, le pal prend le nom de vergette et l’écu est dit “vergeté”

Fasce

L’écu “fascé” est divisé en six ou huit fasces égales d’émaux alternés. Si cet écu est divisé par un trait de parti, l’écu est dit “contre-fascé”. Si le nombre de fasces (toujours pair) est supérieur à huit, ces fasces prennent le nom de burèles et l’écu est dit “burelé”. Si les burèles sont regroupées par deux ou par trois, elles prennent respectivement le nom de jumelles et de tierces.

Barre

L’écu “barré” est un écu divisé par un nombre pair de barres ayant de plus la particularité de présenter une alternance de métal et d’émaux. L’écu peut être “coticé en barre”, quand il est recouvert, au plus, de dix barres qui prennent le nom de cotices en barre.

Bande

Lorsque l’écu est divisé par des bandes en nombre pair, il est dit “bandé”. Tout comme l’écu barré, il présente une alternance de métal et d’émaux. En blasonnant (décrivant) l’écu, on doit indiquer le nombre de pièces. L’écu peut être “coticé en bande”, quand il est recouvert, au plus, de dix bandes qui prennent le nom de cotices en bande.

Modification des pièces honorables

Un certains nombre de pièces honorables peuvent subir des modifications de formes qui permettent d’ouvrir encore plus le champ des possibilités de représentation adaptées aux besoins de ceux qui désirent adopter des armoiries.

Denché : Lorsque le pal, la fasce, la bande ou la barre sont découpés en dents de scie.

Componé : Il s’agit d’une modification qui affecte la bordure d’un écu. Cette bordure est alors composée de fragments de couleurs ou de métaux différents alternés.

Dentelé : Lorsque les dents de scie sont plus nombreuses que dans les pièces denchées.

Aiguisée : Lorsque l’une de ses extrémités est taillée en pointe.

Vivré : Les pièces ont des bords entaillés par de grosses dents.

Alésée : Lorsque l’extrémité des pièces ou d’une pièce ne touche pas le bord de l’écu. C’est un attribut que l’on trouve très souvent dans les croix.

Bastillé : Lorsque les pièces sont, à leur partie inférieure (donc tournés vers la pointe de l’écu), munies de créneaux.

Rompue ou brisée : Il s’agit de toute pièce qui porte une brisure qui, rappelons-le, est une modification ajoutée à un écu pour distinguer la branche cadette d’une famille de la branche aînée ou la branche bâtarde par rapport à la branche légitime.

Bretessé : Lorsque les pièces sont crénelées sur toutes leurs faces ; une pièce est dite « contre-bretessé » lorsque les créneaux sur les deux faces sont alternés.

Potencée : Se dit de la pièce qui se termine en forme d’équerre.

Engrêlé : Les pièces sont alors bordées de petites dentelures aux côtés arrondis.

Vidée : La pièce vidée est celle dont seuls les bords sont marqués et dont la couleur intérieure est celle de l’écu.

Autres

Les meubles

Ce sont des pièces de petite dimension qui viennent charger un écu et qui ne sont pas des pièces honorables. Ces figures sont en très grand nombre et très diverses. Ce sont soit des figures animales, dans un nombre très limité, végétales ou géométriques. Quand il s’agit de pièces géométriques, leurs proportions sont strictement définies (losange, anneau, triangle, étoile…). Pour les figures animales, des conventions de représentations sont mises en place. Pour les figures végétales, les feuilles et les fruits sont disproportionnés (afin qu’ils soient visibles et reconnaissables de loin). Les représentations animales sont très stylisées, en particulier les parties facilement identifiables : tête, griffes… Au XIVe siècle, il apparaît de nouveaux meubles : objets, armes, bâtiments.

Le Lion

L’ours était auparavant considéré comme le roi des animaux, il est progressivement remplacé par le lion, cependant l’aigle lui ravit le titre face aux oiseaux. En tant que meuble, il est par défaut rampant, qui signifie pour l’époque saisir, attraper. Mais il existe de nombreuses autres attitudes, sautant, regardant, couché, assis… Suivant sa posture, le lion (généralement avec une tête de profil) peut être appelé léopard si sa tête est de face, mais il s’agit du même animal.

L’Aigle

L’aigle fut souvent utilisé comme le symbole de l’Empire Romain Germanique. Il existe tout comme le lion, plusieurs formes et dispositions. Il peut être notamment bicéphale (à deux têtes) ou tricéphale. Comme le lion, il représente la force et le pouvoir.

Le Lys

La fleur de lys (ou lis) existe sous plusieurs variantes, il a évolué continuellement au cours du temps pour finalement se stabiliser au cours du XIVe siècle. A l’origine, on lui attribue le lis végétale, ou une pointe de lance. Elle est utilisée pour représenter les armes royales. En 1364, Charles V ramène cette représentation à trois fleurs de lys.

Le blasonnement

On appelle blasonnement la manière de décrire des armoiries selon un langage conventionnel qui permet, à lui seul, de décrire l’écu sans que l’on ait besoin de le dessiner. Le cas le plus simple est celui de l’écu qui ne comporte ni partition ni figure, il est alors dit « plain ». Ensuite pour blasonner un écu, on commence toujours par énoncer le champ de l’écu (par son émail ou métal) puis on énonce les pièces qui le chargent. Si la table d’attente de l’écu est divisée en partitions, il faut toujours commencer par citer celle qui se trouve en haut à gauche (ce qui correspond pour nous à la dextre de l’écu). Viennent ensuite celles de la partie supérieure, puis celles venant en dessous. Chaque partie doit être intégralement décrite avant de passer à la suivante.

France Ancienne« D’azur, semé de fleurs de lys d’or »
France Moderne« D’azur, à trois fleurs de lys d’or »
Duché de Normandie« De gueules, à deux léopards d’or »
Bertrand du Guesclin

« D’argent à l’aigle éployée de sable becquée et membrée de gueules au baston de mesme brochant à dextre sur le tout »


Sources et liens