La vie quotidienne au Moyen Âge
Introduction
Cet article regroupe plusieurs aspects des mœurs et de la vie quotidienne au Moyen Âge. Nous étudierons successivement :
- La vie urbaine au Moyen Âge, avec l’expansion des communes et la description de Paris
- La vie des paysans à la campagne
- Les divertissements populaires tels que les foires ou les tournois de chevaliers
- Les mœurs et coutumes, habillement, coiffures, rôle des femmes…
La vie urbaine
Les communes
Avec le réveil économique et la croissance des villes, l’influence de ses habitants, les burgenses ou bourgeois était croissante. Dans les principales cités d’Europe s’étaient formées des associations appelées corporations, guildes ou hanses, et rassemblant les personnes exerçant le même métier. Au début leur rôle consistait en un soutien mutuel contre la concurrence et le besoin. Mais les corporations se heurtèrent très vite aux seigneurs qui voyaient d’un mauvais œil cette organisation étrangère à l’ordre féodal. La lutte entre seigneurs et bourgeois fut ainsi à l’origine du mouvement des communes libres. Peu à peu, la prospérité et l’unité de la bourgeoisie citadine réussissaient à contrôler ou neutraliser le pouvoir effectif du seigneur. Les moyens utilisés étaient divers. Parfois, les citoyens trouvaient l’appui d’un allié précieux : l’évêque de la ville. L’évêque n’hésitait pas à défendre les bourgeois contre leur seigneur et même à prendre les armes pour s’opposer aux grands féodaux. Dans d’autres lieux, c’est le souverain lui-même qui soutenait les prétentions des bourgeois : le comte de Flandre et le roi de France encouragèrent le mouvement des communes. Pour le roi de France, il s’agissait d’affaiblir le pouvoir des grands feudataires du royaume. Ainsi, les citadins d’une ville « se gouvernaient en commun », d’où l’appellation de commune.
Les libertés communales
Dans la plupart des cas, les bourgeois conjurés achetaient leurs libertés au seigneur. Si le seigneur acceptait, on rédigeait des « chartes de franchise » (ou de liberté), énumérant les droits accordés aux communes libres. Mais bien souvent, irrités par les refus et réticences qu’ils rencontrèrent, les citadins n’hésitèrent pas à recourir à la violence. Bien sûr, la répression féodale était terriblement sanglante (1076 : Le Mans, 1114 : Amiens …). Mais le mouvement s’étendit durant les XIIe et XIIIe siècle. Les libertés acquises par les villes étaient plus ou moins étendues. Au nord-est de la France, la commune jouit d’une réelle indépendance. Elle fait ses lois, bat sa monnaie, lève une milice… Mais c’est en Allemagne et Italie du Nord que les libertés sont les plus larges : les communes constituent de véritables petits états. Ayant obtenu leur autonomie, les communes s’organisèrent sous le gouvernement de leurs magistrats, contrôlés et aidés par le conseil communal, dont faisaient partie les personnages les plus riches et les plus influents de la cité. Souvent, des conflits éclataient entre les corporations et les grands de la cité (marchands, banquiers…). Le roi proposait alors son arbitrage face à ces conflits permanents. Mais parfois, la cité faisait appel à un personnage étranger à la ville, le podestat (celui qui exerce l’autorité), auquel on confiait le gouvernement de la cité. Le mouvement d’émancipation de ces villes introduisit des manières de penser et des attitudes qui étaient étrangères au monde féodal. Enfin, il légua une institution qui se maintint jusqu’à nos jours : le régime municipal.
Une règle particulière fut établie dans certaines communes, notamment Bologne. Elle consistait à acheter la liberté d’un esclave s’il se réfugiait un an et un jour dans une commune. Les citoyens ne désiraient aucun serf ou esclave sur leur territoire.
Paris au Moyen Âge
Protégée par l’épaisse muraille de ses remparts, qui discipline sa croissance et le met à l’abri des invasions, Paris, à la fin du XIIIe siècle, compte environ 200 000 habitants, ce qui est énorme pour l’époque. Située sur la montagne Sainte-Geneviève, l’université attire plus de deux mille étudiants et une centaine de professeurs venus de toute l’Europe. Dans ce quartier, marchands et artisans sont surtout spécialisés dans le livre (relieurs, parcheminiers, enlumineurs). Entre ce quartier intellectuel de la rive gauche et la ville marchande de la rive droite, l’île de la Cité concentre les fonctions politiques et religieuses. Robert le Pieux, au début du XIe siècle, a décidé d’y établir la résidence royale. A partir de 1160, sous l’impulsion de Sully, évêque de Paris a été ouvert le chantier d’une nouvelle cathédrale. L’évêque dirige lui-même les travaux, embauchant tailleurs, charpentiers… Grâce à l’application des principes de l’architecture ogivale (ou gothique), Notre-Dame peut élever sa voûte jusqu’à 35 mètres, et ses murs troués de vitraux multicolores, permettent à la lumière de pénétrer dans la nef pour éclairer les nombreuses statues. En 1245, Saint Louis fait construire la Sainte-Chapelle, un monument d’une audace architecturale exceptionnelle. 1130 panneaux de verre y résument l’histoire du monde telle qu’elle est racontée dans la Bible. Situé au croisement d’une voie fluviale, la Seine, et de la route terrestre allant d’Orléans à Senlis, Paris est aussi un carrefour commercial important et un grand centre économique et bancaire. La Seine est encombrée de bateaux et ses rives sont parsemées de moulins. Sur la rive droite, deux grandes bâtisses construites par Philippe Auguste permettent la protection des marchandises entreposées. Par suite du développement de la ville, ce premier marché permanent (les premières halles) déborde rapidement l’enceinte prévue. Les ateliers et les échoppes envahissent alors les rues. Les artisans se regroupent par rues auxquelles ils donnent le nom de leur corporation : rue de la Ferronnerie, rue de la Tissanderie… La corporation la plus importante est celle des « marchands d’eau », son chef, finira par s’imposer comme maire de Paris.
- A gauche, la ville marchande, la plus animée (rive droite).
- Au centre, sur l’île, on a les fonctions religieuses et politiques
- A droite, le quartier intellectuel de la ville, avec son université et ses artisans spécialisés dans le livre (rive gauche).
Des rues très animées
En 1131, le fils aîné de Louis VI qui se promenait à cheval dans Paris fut jeté à bas de sa monture qui avait été effrayée par un troupeau de cochons. Le dauphin se fractura le crâne et mourut peu après. Le roi avait donc interdit les cochons dans la ville. Mais les animaux ne disparurent pas pour autant. Les places et les rues étaient très sales, jusqu’au jour où Philippe Auguste, incommodé par l’odeur de purin qui montait jusqu’à ses fenêtres décida de les faire paver. Ces rues étaient le théâtre d’une immense animation. Dès le lever du jour, l’étuveur invitait les citoyens à prendre un bain chaud dans son établissement. Les boutiques s’ouvraient alors : drapiers, barbiers interpellaient les clients depuis le pas des portes, le pâtissier offrait ses gâteaux, ses saucissons et son pâté. Le pain était vendu par des marchands ambulants, qui le portaient dans de grands paniers en osier. Comme les gens ne savaient pas lire, les commerçants affichaient de lourdes enseignes sur leur boutique. Mais il n’y avait pas que les marchandises que l’on vantait dans la rue. Les actes officiels et les nouvelles étaient criés. Des attroupements de badauds se formaient autour de jongleurs, musiciens qui récitaient notamment des chansons de geste. Mêlés à la foule, les mendiants imploraient les passants. Les eaux usées et les détritus étaient jetés par les fenêtres, « Gare à l’eau ! » criait-on. Lorsque la nuit tombait, les rues étaient plongées dans l’obscurité, il n’y avait pas encore d’éclairage public. Aussi, la nuit, les rues étaient-elles abandonnées aux brigands.
La vie rurale
Campagne et ville
Les paysans représentent près de 95% de la population médiévale, ils formèrent la base matérielle, et le fondement de l’activité économique de la civilisation européenne. Le dynamisme des marchands et artisans fit la prospérité des cités, mais ce sont les paysans qui nourrissaient les citadins. Le travail de la terre était pénible et laborieux, mais il s’améliora, et permit à l’Europe de prospérer. Au Moyen Âge, la séparation entre ville et campagne était moins nette qu’aujourd’hui. Autour des remparts de la cité s’étendaient champs et prés. Mais le développement technique avec l’essor du commerce, de l’artisanat et des travaux intellectuels en ville, et de la culture et de l’élevage en campagne, entraîna une séparation plus marquée. La vie des paysans épousait le rythme des saisons, les mêmes travaux se répétaient d’une année à l’autre. Les transformations à la campagne étaient moins nombreuses et moins rapides qu’en ville. La vie citadine, au contraire, favorisait le contact entre les individus, la diffusion des connaissances techniques et intellectuelles. L’habitant des cités apparaissait moins soumis aux contraintes de la nature.
Au Moyen Âge, les paysans avaient une conception du temps très différente de la nôtre; ils se le représentaient comme quelque chose qui se répétait sans cesse et qui revenait toujours à son point de départ, à l’instar des aiguilles d’une horloge. Le temps était pour eux à l’image des saisons qui se succédaient. Ainsi le calendrier des paysans épousait étroitement la succession des activités agricoles (labours, semailles, récoltes…). Les mois de l’année sont un motif fréquemment représenté au Moyen Âge, chaque mois est symbolisé par les activités agricoles de la saison.
Deux catégories de paysans
- Les serfs de la glèbe : Les paysans, ou serfs de la glèbe (c’est-à-dire de la terre, au sens de sol cultivé) faisaient partie du domaine. Lorsque le terrain était vendu, ils passaient d’un maître à l’autre, de la même manière que les animaux de la ferme. Les fils de paysans devenaient paysans comme leurs ancêtres, et comme leur futur descendance. Mais le servage n’était pas à proprement parler l’esclavage, même si la condition des serfs était proche des esclaves de l’Antiquité. Dès la fin de l’Empire romain, l’esclavage avait reculé sous l’influence de la nouvelle organisation économique et sociale, qui s’était formée autour du domaine, et qui suppléait l’État en pleine décomposition. De plus l’Église condamnait l’esclavage. Les serfs avaient beaucoup d’obligations mais aussi des droits. Ils étaient pleinement considérés comme des personnes, et théoriquement, ils pouvaient quitter le domaine à tout moment, aucune loi ne les obligeait à rester liés à la terre.
- Manants et alleutiers : Le phénomène de servage se généralisa en Europe du Nord. En témoignent les nombreux vocables européens. Du latin manere (resider), dérivèrent les mots mansus ou manse, c’est-à-dire les champs et la maison des paysans. En français, le paysan fut appelé manant, celui qui reste sur la terre. L’habitation de la ferme fut appelée maison. En Angleterre, les seigneurs appelèrent manor, manoir, le petit château destiné à surveiller et protéger les champs. A côté des serfs subsistaient des paysans libres ou alleux. Les alleutiers (ou vilains), comme on les appelait en France, étaient fort nombreux dans l’Europe du Sud.
La répartition du territoire
Au début du Moyen Âge, l’Europe était une étendue inculte et sauvage, appauvrie par le passage des tribus barbares. La transformation de ce continent est le résultat du labeur ininterrompu commencé à l’époque médiévale, et en particulier des grands défrichements des forêts (par le feu ou la hache). La terre appartenant au seigneur était divisée en deux parties :
- La réserve domaniale : Du latin dominus (maître). En plus du château ou de la résidence seigneuriale, elle comprenait les champs, les vignes, les pâturages, les forêts, terrain de chasse du seigneur. Elle comprenait également le village installé autour du château, avec le four, le moulin et des artisans tels que le sellier ou le forgeron.
- Les manses : Le reste du domaine était divisé en manses (ou tenures) attribués selon leur étendue à une ou plusieurs familles paysannes. Le manse était la cellule fondamentale de l’économie agraire du Moyen Âge. Le serf disposait des produits du potager, ainsi que de la basse-cour et du porc, une des seules sources de protéine animale, le mouton était réservé à la laine et le bœuf pour le trait. Le serf avait également le droit de faire paître ses bêtes sur les champs en jachère (terrains non cultivés).
L’évolution du servage
En échange de la terre et de la protection militaire, le serf avait quelques devoirs envers son seigneur. Il devait remettre une partie de la récolte à son suzerain et payer des taxes. Il devait également participer gratuitement à des travaux appelés corvées. Ces tâches pouvaient être labours, récoltes ou sarclages sur les terres du seigneur. Mais ils étaient également appelés à la réparation d’un pont, creusement d’un puits ou réparation des murs du château. Mais au fil des ans, les besoins en argent des seigneurs s’accrurent, en partie à cause de l’enrichissement général. Le paysan quant à lui obtenait des revenus en vendant au marché les produits qu’il ne consommait pas. Cela modifia la condition du serf qui pouvait ainsi s’affranchir des corvées et réquisitions militaires en échange d’une somme d’argent au seigneur. On passa ainsi du servage au fermage, le propriétaire louait la terre au paysan qui l’exploitait à son compte. La production agricole augmenta considérablement car le paysan travaillait à son compte et se devait d’obtenir de quoi payer le loyer et de quoi nourrir sa famille.
De nouvelles techniques agricoles
Les paysans avaient constaté que certaines cultures comme les céréales, appauvrissaient le sol, alors que d’autres comme les légumineuses (pois, fèves, haricots) l’enrichissaient. Pour éviter l’épuisement du sol, les agriculteurs de l’Antiquité avaient institué le système de la rotation biennale : un champ semé en céréales était laissé en jachère l’année suivante, il était labouré, mais non semé, et servait de pâturage. Au Moyen Âge, la rotation devint triennale : le champ était cultivé en céréales la première année, puis en légumes la deuxième année, avant d’être laissé en jachère la troisième année. Le gain de ce système était double. En effet, désormais seul un champ sur trois restait improductif, et la culture des légumes enrichissait la terre. La production augmenta de 50%, le paysan pouvait vendre ses excédents et améliorer sa condition précaire. De plus, la technique permit l’amélioration des outils agricoles : araire, charrue, herse, houe, faucille…
Les divertissements populaires
Foires et spectacles
- Les foires : C’est à partir du IXe siècle et sous l’essor des croisades qu’une ferveur religieuse redonna de la vigueur à la vie sociale. Les grandes foires européennes du Moyen Âge eurent à cette époque leur premier moment d’authentique splendeur. Les foires apparurent comme la conséquence de la nécessité pour les commerçants de s’approvisionner en marchandises de toutes sortes. La France fut un acteur de premier ordre dans le développement des grandes foires médiévales, parmi lesquelles se détachent celles de la Champagne et la foire parisienne du Lendit. Au XIIe siècle apparurent d’autres foires et d’autres produits, notamment la foire de Beaucaire en Languedoc. Mais avec le temps, les foires méridionales françaises furent éclipsées par celles organisés quatre fois l’an, deux semaines durant, dans la ville de Lyon, depuis 1420. La situation privilégiée de Lyon, à un croisement où confluent les courants du trafic international provenant des quatre points cardinaux, en fit une ville de foire par excellence.
- Les spectacles : Le Bas Moyen Âge fut une époque où l’industrie et le commerce eurent un essor qui ne sera dépassé qu’à l’aube de la Révolution industrielle du XVIIIe siècle. Les gens se déplaçaient alors partout, sur mer comme sur terre. Des spectacles itinérants se produisaient de foire en foire et sur les plus modestes marchés régionaux. Saltimbanques, funambules, lanceurs de couteaux, ventriloques, conteurs, bouffons, pitres, mimes… passaient de palais en châteaux, sans négliger les plus petites cours royales. Parfois, d’authentiques œuvres théâtrales étaient montées. Les œuvres représentées par ces compagnies ambulantes étaient rudimentaires, car peu de gens pouvaient lire et écrire. Les dialogues pouvaient ainsi être livrés à l’improvisation des interprètes, qui pouvaient être des étudiants en vacances ou des religieux.
Les tournois
Seuls les chevaliers pouvaient participer aux joutes et aux tournois. Ces compétitions étaient le spectacle le plus apprécié du public durant tout le Moyen Âge. Le tournoi était solennellement ouvert par un héraut (officier chargés de faire des proclamations solennelles), qui annonçait sur les places publiques l’intention du roi ou d’un grand seigneur de rassembler pour cette fête les chevaliers les plus réputés du pays. Autour d’une vaste esplanade, appelée lice, les participants avaient élevés leurs riches tentes ou pavillons. Au sommet de la lance plantée à l’entrée était suspendu le bouclier avec les armoiries du seigneur. Le tournoi durait habituellement plusieurs jours. Les épreuves étaient variées et dotées d’un riche prix. Les adversaires s’affrontaient avec des armes dites « courtoises », c’est-à-dire rendues inoffensives ou presque (les accidents étaient fréquents) : les lances étaient épointées et les épées privées de leur tranchant. Alors que la joute voyait s’affronter deux cavaliers séparés par une barrière ou une corde, la « mêlée » consistait en une véritable bataille rangée entre deux groupes de cavaliers égaux en nombre. La mêlée se déroulait en champ libre, et bien qu’il existât quelques règles comme celle de ne pas frapper d’estoc, elle était très violente ! Il n’était pas rare de sortir des morts du terrain d’affrontement. Au XVe siècle, se formèrent des compagnies de chevaliers dont l’unique but était de favoriser des tournois. Pour les jeunes fils cadets d’aristocrates, le tournoi devenait une véritable profession. A en croire les chroniqueurs, les combats devinrent de plus en plus spectaculaires. Il y avait parfois d’autres compétitions comme la lutte libre, le tir à l’arc, à l’arbalète ou à la fronde.
La joute
L’épreuve la plus spectaculaire était la joute, au cours de laquelle deux adversaires s’affrontaient directement, à pied et à cheval. Le chevalier défiait son rival en touchant de la pointe de l’épée le bouclier suspendu à son pavillon. Le défi devait alors être relevé. Descendu dans la lice, le chevalier parait son armure resplendissante, manifestant ses sentiments envers sa dame, à qui l’on dédiait le combat : le chevalier portait au bras, sur la lance, ou autour du cou, un voile ou un mouchoir aux couleurs de celle-ci. Puis la joute commençait. Au signal des juges, les concurrents s’élançaient au galop l’un contre l’autre; le choc des lances contre les boucliers ou l’armure était terrible. Si aucun des deux adversaires n’était désarçonné, un nouvel engagement succédait au premier. Au contraire, si l’un tombait, l’autre mettait pied à terre et le duel continuait à l’épée ou à la masse. Le perdant devait reconnaître loyalement sa défaite, sinon les juges le déclaraient « hors de combat ». Le vainqueur recevait non seulement le prix mis en compétition, mais aussi les armes, les chevaux et la personne même du vaincu : celui-ci était considéré comme prisonnier et recouvrait la liberté sous une rançon.
En 1559, c’est au cours d’un double mariage que se produisit un spectacle de bien funeste mémoire. Pour clôturer les festivités, un tournoi eu lieu à Paris. Le roi de France Henri II décida alors d’y participer pour affronter le comte de Montgomery, l’une des plus fines lames de l’époque. La fatalité fit qu’au cours de la troisième passe, la lance de Montgomery, déviée par l’écu d’Henri pénétra sous la visière du casque de celui-ci et lui traversa l’œil. Le roi agonisa dix jours, puis mourut. La reine Catherine de Médicis interdit alors les tournois et les joutes sur le sol français.
Les fêtes
Au Moyen Âge, près d’une journée sur trois est chômée, il y a beaucoup de vacances. La majorité des fêtes sont catholiques, mais la tradition a conservé quelques rites d’origine païenne :
- Les fêtes catholiques
- Epiphanie : Elle correspond à la présentation de Jésus aux Rois Mages. La traditionnelle galette des rois est alors partagée.
- Carême : Quarante jours avant Pâques, le peuple est invité au partage, au jeun et à la prière.
- Pâques : Vers le début du printemps, on s’échange des œufs peints pour symboliser la fin des privations de l’hiver et du carême.
- Toussaint : Fête d’origine celte, instituée par Louis le Pieux. Le 1er novembre, on fête Tous les Saints, c’est-à-dire de la Communauté des vivants et des morts.
- Noël : Le 25 décembre, on fête l’avènement du Christ.
- Les fêtes profanes
- La fête des fous : Elle était célébrée le jour de Noël, ou le jour de l’An ou encore de l’Épiphanie. Les domestiques prenaient la place de leurs maîtres, les valeurs établies de la société étaient renversées et la religion était ridiculisée.
- La fête de l’âne : Elle était célébrée dans certaines villes la veille de Noël. En souvenir de la fuite en Egypte, une jeune fille tenant un enfant dans ses bras pénétrait dans une église à dos d’âne. Pendant la messe, toutes les prières se terminaient alors par “hi-han”. L’Église a rapidement interdit ces célébrations.
- Les Mais : Le 1er mai ou au cours du mois de mai, les jeunes hommes déposaient des branches d’arbres devant la porte des jeunes filles à marier. La branche d’arbre symbolisait les qualités ou les défauts de la jeune fille.
- La Saint-Jean : Le soir du 24 juin, au moment des moissons, on allume de grands feux. Les jeunes couples se tenaient par la main et sautaient par dessus le feu pour avoir des enfants ou une bonne récolte.
- La Saint-Michel : Le 29 septembre, les paysans devaient payer aux seigneurs leurs redevances (taxes).
Les moeurs et coutumes
La condition des femmes
Au Moyen Âge, l’Église considère la femme comme instigatrice du péché originel, on la soupçonne de porter l’hérésie. Il n’y a qu’un remède à cela : le mariage, en rendant la femme mère. Ce sont les familles qui unissent leurs enfants, généralement douze ans pour les femmes et quatorze ans pour les hommes. Dans les classes élevées, le mariage est un instrument d’alliances et d’implémentations. Si le couple n’est pas en mesure d’avoir un enfant, le mariage peut être remis en question, et la femme peut être répudiée. Beaucoup de grossesses sont fatales aux mères, et faute d’avortement on pratique beaucoup l’infanticide. Les prostituées ou filles de joie sont beaucoup présentes au Moyen Âge. La prostitution est autorisée par l’Église, la femme doit provenir d’une ville étrangère pour éviter l’inceste. Souvent, ces femmes ont été rejetées par leur famille après un viol ou une grossesse clandestine. Le viol est puni, mais pas de la même façon : s’il s’agit d’une religieuse, d’une femme mariée ou d’une vierge, le crime peut être puni de mort. S’il s’agit d’une servante d’humble condition, on doit fournir une indemnité à la famille. Les femmes participent activement à la vie économique, d’ailleurs, dans le commerce alimentaire, les femmes sont majoritaires. Cependant les salaires sont dès cette époque nettement inférieurs aux hommes. En campagne, elles aident leur mari aux tâches agricoles. Mais à travers l’amour courtois des chevaliers et troubadours, la femme reste une importante source d’inspiration. Principalement développé par la culture occitane, les femmes sont vénérées pour leur beauté et leur amour, les hommes pour leur courage et leur bravoure. Enfin certaines femmes ont réussi à se forger une solide renommée historique : Aliénor d’Aquitaine, Marie de France, Jeanne d’Arc…
Costumes et habillement
Le vêtement possède au Moyen Âge une signification sociale : selon le rang et les fonctions occupés, on ne s’habillera pas de la même façon. Au XVe siècle, la plupart des hommes ont adopté le port d’un vêtement de dessus très court, mais certains, par décence, continuent de porter des robes et manteaux longs : les prêtres, les notables, les doctes. Parmi ceux-ci, médecins et juristes partagent le privilège de porter le même costume rouge doublé de fourrure blanche. Les vêtements proprement dits sont complétés par de nombreux accessoires du costume. La ceinture, le plus souvent une simple lanière de cuir, est parfois cloutée. Celle des femmes peut être orfévrée et constituer un véritable bijou. Nombreux sont les hommes à accrocher à leur ceinture une bourse ou une sacoche. Accessoire indispensable du costume, les aiguillettes sont des lacets accrochant l’un à l’autre deux vêtements ou deux pièces d’un même vêtement.
Les coiffures
Les gens du Moyen Âge ne conçoivent pas de vivre tête nue, la variété des couvre-chefs, tant masculins que féminins, est flagrante. Les femmes de plus haut rang portent des coiffes à cornes cachant complètement leurs cheveux tirés en arrière. Ces coiffes sont recouvertes de tissu façonné et parfois d’une résille. Certaines portent un simple voile blanc tombant sur leurs épaules. Quand elles sont vieilles, les femmes s’entourent toute la tête, y compris le menton, dans des linges blancs appelés touailles. La touaille est une pièce de tissu étroite et très allongée qui fait partie du trousseau de la mariée et sert à tout dans la maison : torchon, serviette, essuie-mains, maillot, bandage, tablier… Diversité et hiérarchie apparaissent également dans les coiffures masculines. Travailleurs manuels et hommes de peine portent un simple calot. Apprêter son chaperon demande une certaine dextérité : cette longue pièce de drap est enroulée au sommet de la tête. L’un, court, retombe sur le côté, l’autre plus long, drape souplement les épaules ; en cas de mauvais temps il peut aussi serrer davantage le cou et les oreilles pour les protéger du froid.
Les repas
La table est généralement recouverte d’une nappe blanche, au centre de la table, dans une grande coupe sur pied se trouve le plat principal. Les aliments ne sont pas posés sur des assiettes mais sur des « tailloirs », larges tranches de miches de pain, qui absorbent le jus. D’autres petits pains, façonnés en boules détachables les unes des autres, sont à la disposition des convives. Les gens mangent avec leurs doigts et partagent quelques verres et quelques couteaux, la cuiller est réservée au service du plat central, la fourchette n’existe pas à cette époque (introduite sous Henri III). La nourriture est hachée (on a de mauvaises dents) et très épicée (elle se conserve mal). Les carafes, pour l’eau et pour le vin, et différentes sortes de cruches et de pichets sont utilisées dans chaque maison.