Les derniers Valois et les guerres de religion

Introduction

La fin d’une dynastie

La dynastie des Valois est arrivée au pouvoir en 1328 avec Philippe VI, ce changement de dynastie ayant déclenché la guerre de Cent Ans. Nous sommes désormais en 1547, après la mort de François Ier, cet article décrit les règnes d’Henri II et de sa femme Catherine de Médicis ainsi que leurs trois fils : François II, Charles IX et Henri III qui mourront de façon tragique en restant sans héritiers. Leurs règnes sont fortement marqués par les guerres de religion entre catholiques et protestants.

Généalogie des derniers Valois

Malgré l’extinction prochaine de la branche des Valois, le couple Henri II et Catherine de Médicis avait eu dix enfants, avec parmi les plus célèbres :

  • François, roi de France sous le nom de François II
  • Elisabeth de France, épouse du roi d’Espagne Philippe II (fils de Charles Quint)
  • Charles, roi de France sous le nom de Charles IX
  • Henri, duc d’Anjou, roi de Pologne puis roi de France sous le nom de Henri III
  • Marguerite de Valois, surnommée “La reine Margot”, épouse du futur Henri IV
  • François de France, duc d’Alençon, le prince rebelle
Généalogie des derniers Valois

Le règne d’Henri II

Jeunesse et accession au trône

Henri II est le deuxième fils de François Ier. Son enfance est marquée par quatre années d’otage à la cour d’Espagne. En effet, en application du traité de Madrid (1525), François Ier qui était alors l’otage de Charles Quint laisse ses deux fils en captivité. Pour le jeune Henri, cette expérience traumatisante le marquera à jamais, lui que l’on décrit de nature taciturne est également devenu hypocondriaque. En 1533, il épouse Catherine de Médicis, la fille du prince florentin Laurent II de Médicis. Puis, il devient l’héritier de la couronne à la suite de la mort mystérieuse de son frère aîné François de France. Il participe ensuite aux campagnes de son père contre Charles Quint en 1542. En 1547, il accède au pouvoir à la mort de François Ier, il s’empresse alors de changer la Cour en chassant les anciens conseillers de son père. Parmi les proches du nouveau roi, on compte notamment : le connétable Anne de Montmorency, Jacques d’Albon de Saint-André, ainsi que les princes lorrains : François de Guise et son frère Charles de Lorraine.

L’emblème du roi

Comme beaucoup de souverains de la Renaissance, Henri II adopte un emblème que l’on retrouve sur l’architecture de l’époque (châteaux de la Loire notamment). Si François Ier avait choisi la salamandre, Henri choisit le croissant de Lune, symbole de la maison d’Orléans, et la devise suivante : “L’émule du soleil est pleine, jusqu’à ce qu’elle remplisse le monde entier”.

Henri II, par François CLOUET (1559)
Henri II, par François CLOUET (1559)

Les évenements du règne d’Henri II

Le règne d’Henri II s’inscrit dans la continuité de l’œuvre politique et artistique de son père. Le roi continue les guerres d’Italie et concentre son attention sur l’empire de Charles Quint.

  • Henri II négocie avec les princes allemands qui luttent contre Charles Quint (traité de Chambord, 1552). Les princes obtiennent l’appui du roi de France en cédant par la même occasion le contrôle des “Trois Evêchés” (Metz, Toul et Verdun). Charles Quint, qui assiège par la suite la ville de Metz avec 60 000 hommes, est brillamment repoussé par le duc de Guise, François.
  • Contre l’Angleterre, Henri II rachète Boulogne-sur-Mer tandis que François de Guise reprend la ville de Calais, la dernière possession anglaise sur le territoire.
  • En Italie, contre les Impériaux (Habsbourg), le duc de Guise à nouveau, a cependant moins de chance au cours d’une expédition à Naples. Henri II est contraint d’abandonner les prétentions françaises sur le royaume de Naples et le duché de Milan. C’est la fin des guerres d’Italie initiées par Charles VIII.
  • Le conflit contre les Habsbourg continue après la mort de Charles Quint avec son fils Philippe II d’Espagne. En 1557, suite à la défaite désastreuse de Saint-Quentin (le connétable Montmorency s’y fait capturer), Henri II se voit contraint d’accepter le traité de paix du Cateau-Cambrésis et donne sa fille Elisabeth au roi d’Espagne.
  • Enfin, en politique intérieure, pour consolider l’unité du royaume de France, Henri II décide de l’éradication des huguenots. Les édits de Châteaubriant (1551) et d’Écouen (1559) condamnent à mort les protestants exerçant leur culte.
Le coup de Jarnac

La Cour du roi est l’objet d’une rivalité entre deux femmes très influentes, leurs chamailleries vont finalement déclencher le duel de deux hommes :

  • François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie (camp représenté par Diane de Poitiers, maîtresse d’Henri II)
  • Guy Chabot, futur baron de Jarnac (camp représenté par Anne de Pisseleu, duchesse d’Etampes et maîtresse de François Ier).

Le duel est prononcé à l’avènement d’Henri II en 1547. Grand escrimeur, La Châtaigneraie semble prendre l’avantage quand Chabot réalise soudain une botte secrète : un coup de revers qui fend le genou de son adversaire. Humilié par sa défaite, La Châtaignerie retira ses pansements et mourut de ses blessures. Guy Chabot fut également tué dans un autre duel. Le « coup de Jarnac » est entré dans le langage, désignant un coup porté en traître, de façon tout à fait inattendue.

La mort tragique du souverain

Sur le plan diplomatique, Henri II négocie le mariage de deux de ses enfants.

  • Son fils aîné François est promis à Marie Stuart, reine d’Ecosse et nièce du puissant François de Guise. La jeune fille est emmenée en France dès l’âge de six ans pour y être élevée près de son futur époux. Cet épisode marque une rupture avec les Anglais qui espéraient unifier les couronnes d’Angleterre et d’Ecosse. Marie Stuart fut plus tard emprisonnée par sa cousine la reine Elisabeth, puis exécutée pour trahison.
  • Sa fille Elisabeth est donnée pour épouse à Philippe II d’Espagne, fils de Charles Quint. A l’occasion du mariage, le roi qui est considéré comme le dernier “roi-chevalier” décide de participer aux tournois festifs qui se déroulent rue Saint-Antoine à Paris. Le 30 juin, après avoir vaincu les ducs de Nemours et de Guise, Henri affronte le capitaine de la Garde écossaise, Gabriel de Montgommery. Celui-ci le blesse d’un éclat de lance à l’œil. Malgré les soins du chirurgien royal Ambroise Paré (qui reproduit la blessure sur des condamnés pour mieux la soigner), le roi meurt le 10 juillet 1559 après dix jours d’agonie. La reine Catherine portera son deuil jusqu’à sa mort.
La prédiction de Nostradamus

Michel de Nostredame dit Nostradamus (1503 - 1566) est un apothicaire français connu pour ses prédictions ésotériques. Sa plus célèbre prophétie semble annoncer la mort du roi Henri II par ce quatrain :

Le lyon ieune le vieux surmontera,
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d’or les yeux luy creuera,
Deux classes vne, puis mourir, mort cruelle.

Au cours du tournoi, Henri II et Montgommery portaient tous deux l’insigne du lion. Et le casque du roi était selon certains en or (cage d’or).

Le règne de François II

L’avènement des Guise

A la mort de son père, le jeune roi François II est âgé de quinze ans, et il présente une santé très fragile. Il laisse donc les rênes du pouvoir aux oncles de son épouse : les Guise. Cette grande famille nobiliaire est alors à son apogée, ses deux représentants se partagent le pouvoir :

  • Le duc François (dit le Balafré), chef militaire de renom sous Henri II, prend la tête de l’armée royale. C’est un fervent catholique.
  • Son frère Charles, cardinal de Lorraine, est la véritable tête politique de la famille. Il prend en main la justice, la diplomatie et les finances.

L’avènement des Guise chasse de la Cour les anciens favoris du règne précédent :

  • le connétable de Montmorency, le grand rival des Guise, homme de guerre et ami des rois François Ier et Henri II, il a notamment participé à la bataille de Marignan. Il reste une grande figure de la Renaissance française.
  • La favorite du roi Henri II, Diane de Poitiers, très influente sur ce dernier. Jalouse, la reine Catherine l’avait chassé des funérailles du roi.
Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II

La putain du roi comme l’appelait la reine Catherine de Médicis était âgée de vingt ans de plus qu’Henri II. Elle exerça une grande influence sur le roi qui lui voua un amour sincère. Elle résida au château de Chenonceau avant de récupérer le château de Chaumont à la mort du roi.

La conjuration d’Amboise

Les Guise sont très vite impopulaires, manquant de légitimité, ils n’hésitent pas à mener une politique répressive auprès des protestants. Un groupe de gentilshommes montent alors le projet de les renverser, afin de favoriser la prise du pouvoir des princes de sang ralliés à la nouvelle religion : Antoine de Bourbon et son frère le prince de Condé. Ces derniers souhaitent s’emparer du jeune François II qui a été transféré au château d’Amboise. Mais la rébellion est un échec, le duc de Guise et le duc de Nemours y mettent rapidement fin en pourchassant les rebelles, qui sont cruellement massacrés. Le prince de Condé, désigné comme bénéficiaire de la conjuration, parvient à s’échapper après avoir joué un double-jeu. Le conseil royal sous l’influence de Catherine de Médicis propose alors une série de concessions en promulguant une amnistie générale aux protestants. L’humaniste Michel de l’Hospital est nommé par la reine chancelier de France. Mais cette politique de conciliation est un échec, et elle provoque l’embrasement de la province. Encouragés, les protestants multiplient les émeutes et les prêches. Plusieurs villes entrent alors en état d’insurrection. Le règne de François II est également marqué par le déclin de la domination française au profit de l’Espagne. Couverte de dettes suite aux conflits avec les Habsbourg, la France évacue l’Ecosse, le Brésil, la Corse, la Toscane, la Savoie et la majorité du Piémont. François II meurt après seulement dix-sept mois de règne, après des maux insupportables à l’oreille.

François de Lorraine, duc de Guise

Compagnon d’enfance du roi Henri II, François de Guise est un grand chef de guerre. Comme son fils plus tard, il est surnommé “Le Balafré” en souvenir d’une cicatrice au visage reçu au siège de Boulogne.

François de Guise, par François CLOUET (musée du Louvre, Paris)
François de Guise, par François CLOUET (musée du Louvre, Paris)
Les grandes offices de la Couronne
  • Connétable : Chef souverain des armées de France (Montmorency)
  • Lieutenant général du royaume : En temps de crise, personnage en droit d’exercer tout au partie de l’autorité royale (duc de Guise puis duc d’Anjou)
  • Chancelier : Responsable du scellage et de l’expédition des actes royaux, puis chef de la justice. Supplée par le Garde des Sceaux (Michel de l’Hospital)
  • Grand Maître de France : Responsable de la maison du roi pour sa partie civile (ducs de Montmorency puis ducs de Guise)
  • Amiral de France : Responsable des affaires maritimes (Gaspard II de Coligny puis Charles de Lorraine)
  • Maréchal de France : Dignitaires militaires (Montmorency père et fils, Jacques d’Albon de Saint-André)

Le règne de Charles IX

La Régence de Catherine de Médicis

A la mort de son frère, Charles n’a que dix ans. Ayant reçu une éducation remarquable, attentif à l’enseignement des humanistes, Charles IX ne put échapper à la tutelle de son entourage. A travers lui, sa mère Catherine de Médicis continua de gouverner la France avec le souci de préserver l’autorité monarchique et l’unité de la religion. « C’était elle qui faisait tout, écrit un témoin de l’époque, et le Roy ne retournait pas un œuf qu’elle n’en fut avertie ». Entourée de conseillers italiens, cette Florentine d’illustre naissance, dont l’activité politique fut incessante après la mort d’Henri II, essaya tant bien que mal d’apaiser les troubles du royaume. Le clivage religieux s’est en effet beaucoup politisé à la fin du règne d’Henri II. Mais les guerres de religions vont réellement débuter sous le règne de Charles IX. Pendant la minorité du jeune roi, le chancelier Michel de l’Hospital tenta d’amener catholiques et protestants à un compromis : il publia en janvier 1562, l’édit de Saint-Germain-en-Laye qui accorde la liberté de culte aux réformés et vise à organiser la coexistence entre les chrétiens divisés. La réponse des extrémistes catholiques ne se fit pas attendre : un mois plus tard, à Wassy, en Champagne, les gens de l’escorte du duc de Guise massacrèrent des protestants célébrant leur culte. Ainsi fut déclenchée la première des guerres de Religion. On en dénombrera huit au total.

Les clans religieux

Les catholiques

Les protestants

  • Les princes de sang (descendants de Saint Louis) :
    • Bourbon : Antoine de Bourbon, roi de Navarre puis son fils Henri de Navarre sont plus concernés par la politique, ils vont tous les deux changer de religion à plusieurs reprises.
    • Condé : Louis de Bourbon, prince de Condé (frère d’Antoine de Bourbon), puis son fils Henri de Condé. Les Condé sont des personnages ambitieux et actifs, ce sont de grands leaders protestants.
  • Les Montmorency, contrairement à leur père, les fils du connétable Anne de Montmorency sont des calvinistes, ils vont de pair avec leur cousin l’amiral Gaspard de Coligny, chef du camp huguenot jusqu’à la Saint-Barthélemy.
  • Montgommery, le régicide involontaire du roi Henri II, réfugié en Angleterre cherchera à intervenir en Normandie avant d’être capturé et exécuté.
  • L’Angleterre réformée d’Elisabeth Ière et Guillaume d’Orange des Provinces Unies (Pays-Bas) sont les appuis étrangers des huguenots.

Les premiers conflits religieux

  • Première guerre de religion (1562-1563) : La première guerre de religion qui éclate à la suite du massacre des protestants à Wassy voit la mort d’Antoine de Bourbon (siège de Rouen) et de François de Guise (siège d’Orléans). La reine Catherine négocie la paix avec le prince de Condé par l’édit d’Amboise (1563). Le culte des protestants est désormais autorisé dans certains lieux.
  • Deuxième guerre de religion (1567-1568) : Reprise des hostilités quatre ans plus tard. La reine Catherine abandonne sa politique de conciliation, Michel de l’Hospital est disgracié en 1567. Les protestants commandés par le prince de Condé et Gaspard de Coligny sont aux portes de Paris. Ils sont finalement battus par le connétable de Montmorency et la paix est signée à Longjumeau en 1568.
  • Troisième guerre de Religion (1568-1570) : La guerre reprend au bout de quelques mois. Les catholiques tentent de capturer les chefs protestants : le prince de Condé et l’amiral Coligny qui sont enfermés à « La Rochelle », le bastion des protestants. Le prince de Condé trouve la mort et l’armée royale, menée par Henri d’Anjou, prend l’avantage avant que Coligny parvienne à imposer la signature d’une trêve, l’édit de Saint-Germain (1570).
Catherine de Médicis

Figure emblématique du XVIe siècle, Catherine de Médicis est directement reliée aux guerres de religions, mais aussi à son activité de mécénat. Elle a protégé de nombreux artistes et largement contribué à l’essor de l’art au service de la monarchie. Les historiens modernes la voient comme l’une des plus grandes reines de France, mais son image est fortement contrastée par son rôle trouble dans la Saint Barthélemy.

Le massacre de la Saint Barthélemy

Dans la chaleur de l’été 1572, les Parisiens assistent aux préparatifs des noces de Marguerite de Valois et d’un “hérétique rebelle à son roi”, le protestant Henri de Navarre (prince de sang et futur Henri IV). Des prédicateurs parcourent les rues, scandent des menaces. Depuis dix ans, les Parisiens subissent les mêmes discours : la vraie religion, c’est le catholicisme, la seule foi, c’est celle du roi. L’atmosphère est particulièrement lourde, et la ville, envahie par des centaines de protestants venus à l’occasion du mariage, est une vraie poudrière. Il n’y a cependant pas d’incidents majeures au cours de cette journée du 18 août, ni pendant les trois jours qui suivent : aux habits chatoyants de la bonne société catholique s’opposent les sombres vêtements des gentilshommes protestants. Mais les prédicateurs continuent à pousser le peuple à la révolte : Catherine de Médicis, mère du roi Charles IX est pour eux une alliée. Elle a déjà tenté, sans succès de faire assassiner le chef des protestants, l’amiral de Coligny. Cette fois, son plan est mis à exécution dans la nuit du 23 au 24 août. Coligny est tué à coups de dague puis son corps est jeté par la fenêtre. Les conjurés ferment alors les ponts sur la Seine et, cachant les bateaux afin d’empêcher toute fuite, ils se dirigent vers le Louvre, où logent la plupart des gentilshommes protestants présents à Paris, et les massacrent. A l’aube du 24 août, le peuple de Paris, en majorité catholique, entre en scène : guidé par la tension ambiante et la peur de l’autre, 2 000 à 3 000 protestants, ou supposés tels, sont tués.

Le massacre de la Saint-Barthélemy
Le massacre de la Saint-Barthélemy, par François DUBOIS
Le massacre de la Saint-Barthélemy, par François DUBOIS
Qui est l’instigateur de la Saint-Barthélemy ?

Quelques controverses existent désormais sur la responsabilité de l’assassinat des chefs protestants. La veille de sa mort, l’amiral de Coligny avait déjà essuyée une première tentative d’assassinat, plusieurs hypothèses ont été formulées :

  • La version officielle accuse la reine Catherine de Médicis et son entourage qui s’inquiétaient de l’influence de Coligny sur son fils. On a prêté ces mots à Charles IX, fraîchement convaincu par sa mère et ses conseillers : « Eh bien soit ! Qu’on les tue ! Mais qu’on les tue tous ! Qu’il n’en reste plus un pour me le reprocher ! ». Par le passé, on est allé jusqu’à dire que le jeune souverain tirait sur les protestants depuis sa fenêtre du Louvre.
  • Henri d’Anjou, frère du roi est également l’objet de soupçons. Devenu lieutenant général du royaume, il s’agissait peut-être pour lui d’une bonne occasion de s’imposer au gouvernement. Il aurait pu recevoir le soutien d’Henri de Guise.
  • Le duc de Guise justement, a peut être comploté avec l’appui de Philippe II d’Espagne. En effet, l’amiral de Coligny projetait de faire la guerre à l’Espagne catholique.
  • Quatrième guerre de religion (1572-1573) : Le massacre de la Saint-Barthélemy entraîne une quatrième guerre de Religion dès octobre 1572. Les protestants sont isolés, Henri de Navarre et le nouveau prince de Condé (Henri) sont désormais convertis au catholicisme. Cependant, l’armée royale échoue au cours du siège de La Rochelle. Le duc d’Anjou est nommé roi de Pologne, la paix est signée en 1573. Le roi Charles IX se trouve alors de plus en plus isolé.

La conjuration des Malcontents

Après la conjuration d’Amboise sous François II, le règne de Charles IX fait également l’objet d’une nouvelle révolte : la conjuration des Malcontents. Les Malcontents désignent les quelques personnes qui sont dans l’ombre du pouvoir de la reine mère :

  • Le jeune ** François d’Alençon**, dernier fils d’Henri II, qui a grandi dans l’ombre de ses frères notamment d’Henri, duc d’Anjou que l’on a nommé roi de Pologne. Il espère renverser le gouvernement de sa mère et devenir l’héritier du royaume à la place de son frère Henri. Il devient l’espoir de la noblesse rebelle.
  • Le duc François de Montmorency, fils du connétable Anne de Montmorency, qui s’est retiré de la Cour sur ses terres de Chantilly.
  • Les princes de sang, Henri de Navarre et son cousin ** Henri de Bourbon-Condé**. Ils ont abjurés le protestantisme et sont assignés à résidence à la cour. Condé est le grand rival d’Henri d’Anjou, qui a fait assassiner son père à la bataille de Jarnac et qui convoite son épouse Marie de Clèves.

A la suite d’une tentative d’assassinat du duc Henri de Guise, peut être mandatée par les Malcontents, François d’Alençon et Henri de Navarre sont contraints de fuir la Cour. De là, ils fomentent deux complots, avec l’aide de complices qui échouent. La réaction de la reine-mère est virulente, on arrête et exécute les complices. Henri de Navarre et François d’Alençon subissent un interrogatoire. Cette révolte déclencha la cinquième guerre de Religion (1574-1576) tandis que le roi Charles IX succombe des suites d’une tuberculose.

Ronsard et la Pléiade

Amateur de poésie, Charles IX avait convié le poète Ronsard à résider à la Cour du Louvre. Le roi lui demanda notamment de rédiger “La Franciade”, un poème épique sur les origines de la France. Pierre de Ronsard est l’un des poètes les plus importants du XVIe siècle, il est le chef de file de La Pléiade, un mouvement littéraire chargé de promouvoir la langue française. Dans le tumulte des guerres religieuses, Ronsard se distingue des autres artistes en condamnant le protestantisme.

Portrait de Pierre de Ronsard, huile sur toile, Musée des Beaux-arts, Blois
Portrait de Pierre de Ronsard, huile sur toile, Musée des Beaux-arts, Blois

Le règne d’Henri III

L’avènement d’Henri III

Henri, fils préféré de sa mère Catherine, qui avait été nommé roi de Pologne, rentre en France à l’annonce de la mort de son frère. Il prend soin de contourner l’Allemagne protestante. Le royaume de France est alors dans un état désastreux, baignant sous d’importants troubles économiques, sociaux et religieux.

  • Cinquième guerre de religion (1574-1576) : Le complot des Malcontents menés par François d’Alençon, et les Montmorency a relancé la guerre. A la mort de Charles IX, Henri III mène une campagne dans le Midi. Le prince de Condé retrouve le protestantisme, tandis qu’Henri de Navarre s’enfuit de la Cour. Les protestants encerclent Paris, le roi doit s’incliner et accorder l’édit de Beaulieu (1576) avec la liberté de culte dans les villes closes et Paris. C’est la paix de Monsieur (terme désignant le frère du roi) qui renforce alors son frère rebelle, François d’Alençon.
  • Sixième guerre de religion (mai 1577 - septembre 1577) : Les catholiques, qui trouvent que les dispositions de la paix sont excessives, se réunissent en ligues locales. Le roi se réconcilie avec son frère et mène une nouvelle campagne dans le Languedoc avec le siège de Montpellier. Un nouvel édit est signé, restreignant le culte des protestants.
  • Septième guerre de religion (1579-1580) : Catherine de Médicis entreprend d’établir une paix définitive. Mais l’autorité royale s’amoindrit, les partis sont trop forts, les provinces sont contrôlées par les Guise pour les catholiques, et Navarre et Condé pour les protestants.
Le luxe à la Cour

Outre les affres de la guerre, le règne d’Henri III est marqué par le développement de l’élégance à la cour.

  • Henri III est un homme élégant et raffiné, il mit à la mode les pourpoints avec une bosse à l’estomac et les collerettes à tuyaux. Le roi se couvrait de toute sorte de bijoux : boucles d’oreilles, colliers, bagues et il s’inondait de parfums très odorants (civette, musc, etc.).
  • En costume de cour, les hommes arboraient des pantalons bouffants en velours coupés aux genoux, des escarpins assortis en velours et des bas de soie ; leurs épaules étaient couvertes d’une petite cape et leur tête coiffée d’une toque avec une plume.
  • Le costume des dames était caractérisé par d’étroits corsages en pointe maintenus par des lames d’ivoire ou de métal qui pénétraient dans les chairs ; les manches et les épaules étaient rembourrées de coton et ballonnées. De grandes collerettes enveloppaient la tête comme une auréole, et une coiffure extravagante aux cheveux relevés et tirés par des fils de métal encadrait un visage caché par un masque de velours.
Bal du duc de Joyeuse, vers 1582, Ecole franco-flamande, (Paris, musée du Louvre)
Bal du duc de Joyeuse, vers 1582, Ecole franco-flamande, (Paris, musée du Louvre)

La guerre des trois « Henri »

Désormais, le conflit religieux met aux prises trois Henri :

Les mignons d’Henri III

Henri III est le premier roi de France à s’entourer de ses favoris (ou mignons), ces jeunes éphèbes efféminés, aux costumes excentriques et grotesques. Cette ambiguïté sexuelle a été utilisée par la propagande violente de la Ligue (« légende rose »). Mais Henri III est également un homme à femmes, et on lui prête beaucoup de maîtresses.

Henri III avant son avènement par François CLOUET (1570), Musée Condé
Henri III avant son avènement par François CLOUET (1570), Musée Condé
  • Huitième guerre religion (1585-1598) : A la mort de François d’Alençon (tuberculose), Henri de Navarre devient le prétendant au trône. Les catholiques qui ne souhaitent pas d’un protestant sur le trône signent avec les Espagnols le traité de Joinville qui convient que le cardinal de Bourbon (oncle de Navarre) sera le successeur potentiel d’Henri III, toujours sans hériter. Le duc de Guise, à la tête des extrémistes catholiques de la Ligue impose au roi la chasse aux hérétiques. Bientôt, Henri III mène la guerre à son propre successeur, mais c’est Navarre qui prend l’avantage en écrasant les catholiques à la bataille de Coutras (1587). L’ampleur prise par la Ligue catholique inquiète beaucoup le roi, qui décide d’en prendre la tête pour tenter de la contrôler. Mais le duc de Guise, qui est très populaire, fait son entrée triomphale dans Paris en ridiculisant le roi. Alerté, Henri III fait appel aux gardes suisses, déclenchant ainsi une insurrection générale des parisiens, c’est la journée des barricades (12 mai 1588). Le roi est menacé, il prend la fuite et se réfugie à Chartres. De là, il décide de convoquer les Etats généraux de Blois pour lever des fonds pour la guerre. C’est au cours de cette assemblée que le roi fait assassiner le duc de Guise et son frère par sa garde personnelle, les « Quarante-Cinq ».

À présent, je suis roi.

— s’écrit Henri III

C’est bien taillé mon fils, maintenant il faut coudre

Catherine de Médicis.

C’est bien là que réside la difficulté, à la suite des assassinats, la Ligue rompt tout contact avec le roi. Henri III doit s’allier avec les protestants pour espérer reprendre son trône, il rencontre Henri de Navarre à Plessis-Lès-Tours. Les deux armées mettent le siège sur Paris qui est protégée par 45 000 miliciens soutenus et armés par le roi d’Espagne. Mais Henri III ne reverra plus sa capitale, dans l’attente au château de Saint-Cloud, il est assassiné par le moine ligueur Jacques Clément. Henri de Navarre est alors nommé roi de France sous le nom d’Henri IV. Celui-ci aura la lourde tâche de mettre fin à la guerre civile et de pacifier la France.

L’assassinat d’Henri III

Le roi est assis sur sa chaise percée lorsqu’il est poignardée par le moine fanatique Jacques Clément : « Méchant moine, tu m’as tué ». Il mourra au bout d’une nuit d’agonie.

Lisez également l’article “La Réforme” pour en savoir plus sur les antagonismes religieux du XVIe siècle. La suite de cet article sera consacré à Henri IV


Sources et liens